Delahaye 135 (1935-1951)
Publié par Philippe Baron le 25 février 2017.
Après l’essai d’une Delahaye 135 en 1938, le magazine spécialisé anglais “The Motor” écrivait : “Peu de voitures offrent une telle tenue de route, une telle maniabilité et de telles performances.” Un tel jugement à l’égard d’une voiture française venant d’un journal britannique situe parfaitement le niveau des Delahaye à la fin des années 1930. Pourtant, 5 ans plus tôt, les modèles de cette marque n’étaient rien d’autre que des voitures très conventionnelles, voire archaïques.
En 1927, Charles Weiffenbach, surnommé « Monsieur Charles » et propriétaire de la marque Delahaye depuis 1906, essaie de contrer les grands constructeurs, en formant une brève association avec Chenard & Walcker, Unic et Donnet, qui ne dure que jusqu’en 1933. Cette année-là, Delahaye présente au Salon de Paris, une 6-cylindres de 3 237 cm3, la Type 138 Superluxe. Motorisée par le moteur d’un camion de trois tonnes, c’est l’œuvre du nouvel ingénieur en chef : Jean François.
En 1934, Jean François crée une 138 châssis court, trois carburateurs, la 18 CV Sport. Sa puissance passe de 90 à 100 ch. Trois autos de ce type gagnent leur classe à la Coupe des Alpes et pour célébrer cette victoire, la 18 CV devient la « Coupe des Alpes » en 1935, qui évolue en 135, avec un châssis surbaissé. Au début, la 135 utilise la 3.2 l et gagne la Coupe des Dames du Rallye Monte-Carlo 1935. Celle du Paris-Nice 1936 possède trois carburateurs, c’est une 3.5 l de 120 ch. La 135 remporte le Rallye Monte-Carlo en 1937 et 1939, les 24 Heures du Mans en 1938. Le moteur de la 135 est le seul, au fil de ses évolutions, à avoir enlevé les 24 Heures du Mans, la Coupe des Alpes, Paris-Nice et le Rallye Monte-Carlo.
Dès 1935, la Delahaye 135 devient en quelques mois le symbole de la voiture sportive de luxe. Delahaye produit essentiellement des châssis nus que les clients confient au carrossier de leur choix. Les plus célèbres modèles sont réalisés par Labourdette, Chapron, Guilloré, Letourneur & Marchand, Franay, et surtout Figoni & Falaschi qui réalisent quelques carrosseries extraordinaires, dont certaines à carénage intégral des roues.
Les Delahaye 135 et 148 (version « Tourisme » de la 135, avec un moteur dégonflé à 105 ch) sont de nouveau produites après la guerre, avec une carrosserie de série signée Philippe Charbonneaux. En 1948, Delahaye lance une évolution de la 135, la 4.5 litres, Type 175, en quatre versions : la 175, la 175 S, la 178 et la 180, ces dernières ayant des moteurs de 140 ch..
Mais les temps ne sont plus aux berlines luxueuses. Les constructeurs de ce type de voitures sont accablés de taxes qui rendent prohibitif le prix de leurs modèles, dont la conception remonte à la fin des années 1930. Inéluctablement, la production de voitures françaises de grand standing s’éteint, avant de disparaître complètement. En 1951, apparaît la dernière Delahaye, la 2.5 L, type 235. Mais, la production est devenue confidentielle quand Hotchkiss rachète la firme en 1954 et les nouveaux propriétaires ne peuvent pas continuer et, c’est la fin des Delahaye. Au total, 2 592 Delahaye 135 ont été produites. Les survivantes sont devenues des pièces de collection avidement recherchées.