Chevrolet Corvette Sting Ray (1963-1967)
Publié par Philippe Baron le 30 novembre 2014.
Inutile de dire qu’en 1963, lors de sa présentation, la Chevrolet Corvette Sting Ray fait sensation. Désormais, l’Amérique possède sa vraie sportive. Ses lignes anguleuses font d’elle une voiture particulièrement agressive, animée par des moteurs d’une cylindrée et d’une puissance assez peu communes en Europe. Sa diffusion en deux déclinaisons, roadster et pour la première fois en coupé, donnera un succès sans précédent au label Corvette, doublant les ventes de la première génération.
Le style de la Sting Ray est l’œuvre de Bill Mitchell, le grand designer de General Motors, devenu nouveau patron du style GM depuis le départ à la retraite de l’extravagant Harley Earl fin 1958. La Sting Ray (en deux mots) est directement dérivée du prototype Stingray (en un seul mot) que Bill Mitchell réalisa en 1958. Puis, quelques mois avant la présentation officielle de la Sting Ray (littéralement raie à éperon), Bill Mitchell, amateur de pêche en gros et fasciné par les requins, expose au Salon de New York, un concept nommé Mako Shark, inspiré par le dynamisme et l’agressivité du squale, dont les lignes préfigurent celles de la Corvette deuxième génération.
Le signe distinctif du premier coupé présenté en 1963 était la vitre de custode séparée en deux éléments bien distincts. Bill Mitchell tenait à créer un effet de style tout en assurant une continuité de la carrosserie partant de l’arête du capot avant, continuant par le toit et se terminant par le pavillon arrière. Si l’esthétique s’en trouve préservée, en revanche, l’absence quasi-totale de visibilité vers l’arrière contraignit bien vite les stylistes à revoir leur copie suite aux protestations de la clientèle. La « Split Window » disparaît au prochain millésime pour une vitre d’un seul tenant, n’altérant en rien la ligne générale.
La Corvette de 1963 est la première voiture américaine de série, depuis la DeSoto de 1942, à disposer de phares escamotables. Si la ligne générale fut conservée jusqu’en 1967, des changements plus ou moins importants apparurent sur chaque année modèle, comme en 1965, trois extracteurs d’air latéraux pour évacuer l’air chaud.
Au-delà de cet aspect stylistique, la Sting Ray marque nettement une rupture attendue par l’ingénieur Zora Arkus-Duntov, impliqué dès l’origine du programme Corvette en 1953, pour que cette Chevrolet (la marque a tendance à s’effacer au profit du modèle) parvienne au niveau de ses équivalentes européennes pour asseoir définitivement sa réputation. L’empattement et les voies sont réduits dans des proportions importantes (plus de 10 cm pour le premier point), le centre de gravité est abaissé d’environ 5 cm, et la répartition des masses entre l’avant et l’arrière améliorée, avec un rapport de 48/52 contre 45/55 auparavant. Toutes ces transformations se traduisent d’une manière positive sur le comportement de la voiture.
Comme pour les versions précédentes, la carrosserie est en fibre de verre. Côté moteur, pas de surprise, car Chevrolet disposait suffisamment de V8 pour trouver les versions convenant à la Corvette. Seul point noir, sont les freins à tambour mais ils seront enfin remplacés par des freins à disque en série pour le millésime 1965. Avant l’arrivée des « big blocks » deux ans plus tard, la Sting Ray est présentée avec un V8 327 ci (5.3l) qui développe 250 ch dans sa configuration de base et peut, en option, passer à 300 ou 340 ch. Le 396 ci arrive en 1965, rapidement suivi du 427 ci en 1966. Ce 7 litres de 425 ch permettait à la Corvette C2 d’atteindre sans problème les 240 km/h et le 0 à 100 km/h en moins de 6 secondes.
La Corvette Sting Ray rencontre un énorme succès pendant ses années de production avec 117 964 exemplaires répartis en 45 556 coupés et 72 418 cabriolets.