Cadillac V16 (1930-1937)
Publié par Philippe Baron le 10 décembre 2014.
Présentée en janvier 1930, au Salon de New York, la Cadillac V16 est la première voiture de série au monde à être équipée d’un moteur V 16. Lancée au début de la Grande Dépression, la Sixteen, au sommet de la gamme Cadillac, réalisa la majorité de ses ventes pendant sa première année de production avant que la crise, que certains pensaient passagère, ne persiste.
Depuis sa fondation en 1903 par Henry M.Leland, Cadillac a toujours visé le sommet du marché américain en se distinguant par la qualité de fabrications de ses productions et leur supériorité technique. Les première années ont été marquées par l’introduction régulière d’innovations signifiantes, mises au service d’une forte image de marque. Dans les années 20, Cadillac devient synonyme de luxe et de confort. En 1928, le dirigeant de l’époque, Lawrence P. Fisher veut aller encore plus loin et c’est sous son égide qu’est lancé l’audacieux projet d’une série à moteur V16, d’autant plus qu’une rumeur circule selon laquelle son concurrent direct, Packard, envisagerait de relancer une série de grand prestige dotée d’un nouveau V12.
L’extravagance mécanique du 16-cylindres est explorée depuis 1926 par Howard Marmon et l’équipe d’ingénieurs Charles Kettering et Ernest W. Seaholm, seront assistés de l’ingénieur Owen Nacker, lui-même transfuge de chez Marmon. La solution vient de chez Buick autre firme de groupe General Motors, dont le futur huit cylindres en ligne à soupapes en tête paraît prometteur. L’idée est simple, il s’agit de boulonner deux ‘huit cylindres’ sur un carter commun, en l’occurrence une pièce en aluminium sur laquelle les deux moteurs forment un angle à 45°. Ce groupe monumental de 7 414 cm3 de cylindrée fournit une puissance tranquille de 165 chevaux à 3 200 tr/min, puis portée à 185 chevaux dans la phase finale de développement en 1934. En optant pour un V16, c’est évidemment le silence et la souplesse qui l’emportent sur toute autre considération. La Cadillac 452 V16, est une référence en matière de qualité de fabrication et de raffinement, extrêmement confortable et agréable à conduire grâce à son couple exceptionnel.
L’étude esthétique de la Cadillac V16 (type 452) a été confiée au jeune et prometteur Harley J.Earl, ce grand gaillard de plus d’un mètre quatre-vingt-dix, au caractère bien trempé, dont la tâche était de viser l’idéal esthétique tout en respectant les contraintes économiques et techniques imposées par les ingénieurs qui rebutaient à se remettre en question pour adapter leur technologie aux avancées du styling. Respectant la clientèle de ce genre de modèle assez conservatrice, Harley J.Earl s’est tenu à un style classique en allongeant le capot pour donner à la voiture une allure très élancée.
Prête en fin d’année 1929, la Cadillac V16 est la plus ostentatoire des voitures jamais vue en Amérique. Cependant, entre le 24 et le 29 octobre 1929, un nombre record d’actions change de mains à Wall Street. Les investisseurs commencent à les vendre massivement, provoquant de ce fait, l’effondrement des cours. La perte globale des valeurs est alors estimée à 26 milliards de dollars. La Cadillac V16 arrivait au pire moment de l’histoire économique du pays.
Le prix de cette Cadillac équivalait à deux fois celui d’une Cadillac V8. Plus de cinquante carrosseries d’usine figuraient au catalogue et leur fabrication était confiée à Fleetwood, célèbre atelier rattaché à la General Motors. En dépit d’un excellent accueil du public, la diffusion de la Cadillac V16 resta limitée à quelques centaines d’unités annuelles jusqu’en 1937, avec un score pendant cette période de quelques 4 076 exemplaires. Même si le marché n’a pas été très réceptif, en raison de la crise économique, cela ne remet pas en cause les qualités intrinsèques de la Cadillac V16 qui demeure une référence dans l’histoire de la marque, un sommet technique qui a contribué à sa notoriété.