Chrysler Town & Country (1946-1948)
Publié par Philippe Baron le 16 janvier 2012.
A l'origine, les woodies étaient des véhicules à vocation utilitaire destinés au milieu rural. Mais au début des années 40, une clientèle snobe et aisée s'éprit de ces automobiles rustiques à l’esthétique " country ". Chrysler, flairant là une niche de marché à exploiter, proposa à ces citadins une voiture hors norme, la Town & Country, pour la semaine en ville et le week-end à la campagne.
En 1946, la série Town and Country devient chez Chrysler une gamme séparée, avec différents types de carrosseries : berline, coupé et cabriolet. D'objet rustique, le " woody " s'est transformé en produit de luxe pour la bourgeoisie américaine. La version la plus emblématique est évidemment le cabriolet, avec ses magnifiques panneaux d’acajou, que l'on voit aux mains de nombreuses stars et célébrités de la fin des années 40 dont Clark Gable, Barbara Stanwyck et le général Eisenhower.
La réalisation de ce luxueux modèle demandait un soin tout particulier, et un ajustage minutieux des différents panneaux laissés aux mains d’expert hautement qualifié dans les contraintes techniques liées au travail du bois. Le frêne était utilisé pour les renforts structurels tandis que les feuilles d’acajou étaient utilisées pour les éléments d’habillage fixés sur des supports plus épais en contreplaqué. Une chaîne dédiée aux opérations d’un montage artisanale avait été aménagée spécialement à l’usine de Jefferson Avenue, les panneaux de bois étaient façonnés au préalable dans un autre site installé dans l’Arkansas.
Deux versions de châssis et de motorisation étaient proposées. La première reprenait le châssis court et le moteur 6-cylindres de la Windsor tandis que la seconde reprenait le châssis long de la série New Yorker ainsi que son 8-cylindres Spitfire de 135 chevaux.
La production étant artisanale et la finition très poussée, le prix de vente était élevé et faisait du Town and Country un objet rare et coûteux, sans oublier son coût de l’entretien, sachant que le constructeur n’avait pas une vocation d’ébéniste. Il fut produit 1 935 voitures en 1946, puis 3 136 en 1947 et 3 309 en 1948. En 1949, Chrysler dévoilait sa nouvelle gamme au style ponton affirmé. La magie avait disparue. Seuls les montants demeuraient en frêne. L'année 1950 marquait l'arrêt définitif des " woodies " dans les quatre marques du groupe Chrysler.