Alfa Romeo 1900 (1950-1959)
Publié par Philippe Baron le 1 juin 2015.
Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, Alfa Romeo continue la production à petite cadence de l'ancienne 6C 2500 datant des années 1930. Son prix est astronomique, car le plus souvent carrossée à l'extérieur de l'usine chez un maître carrossier et à la demande du client. La modernité devient impérative pour la survie de l'entreprise. Aussi, sous la direction de l'ingénieur Orazio Satta, Alfa Romeo met en chantier la ‘1900’ qui ouvrira la voie à une nouvelle génération d’Alfa.
La 1900 d’Alfa Romeo, à la mode avec sa ligne ponton, est la première voiture de la marque dotée d'une carrosserie autoportante. Elle représente un nouveau concept, celui d’une berline sportive de classe moyenne à hautes performances, d’une familiale d'usage quotidien capable de gagner des courses. Si, pour la mécanique, la firme milanaise a conservé la culasse en alliage léger à deux arbres à cames en tête, elle a opté pour un quatre cylindres économique, peu encombrant et peu gourmand. Avec son 1 884 cm3 et ses 80 ch à 4 800 tr/mn, l’Alfa Romeo des années 1950 file à 150 km/h. La boîte de vitesses possède quatre rapports bien synchronisés et étagés. De plus, Alfa Romeo a pris la judicieuse initiative d'équiper son modèle de pneus Michelin X à carcasse radiale nouvellement lancés.
Proposée à partir de 1951, la Sprint est la version de la 1900 déclinée en coupé et cabriolet. Elle est construite sur la base de la berline, dont l'empattement a été réduit de treize centimètres. La réalisation du coupé est confiée au carrossier milanais Touring, qui le fabrique selon sa technique Superleggera et l’habille de roues à rayons Rudge. Pinin Farina se charge du cabriolet à quatre places, sans parler des nombreuses versions spécifiques exécutées par d’autres carrossiers transalpins.
Pour la compétition, Alfa Romeo développe en 1952 une version plus brillante de sa berline 1900 : la TI (Turismo Internazionale). Plus pointu, grâce en particulier au diamètre des soupapes élargi de trois millimètres, le moteur de la 1900 TI développe 100 ch à 5 500 tr/mn permettant à la voiture d’atteindre 170 km/h. La TI accumule les succès en courses, notamment au Tour de France automobile de 1953.
En 1954, un réalésage du moteur à 84,50 millimètres fait progresser la cylindrée à 1 975 cm3. Baptisée Super, la berline 1900 bénéficie de 90 ch à 5 200 tr/mn. La vitesse de pointe annoncée est de 160 km/h. La version TI Super offre une puissance de 115 ch et une vitesse maximale de 180 km/h grâce aux deux carburateurs double corps inversés Solex.
En 1955, le quatre-cylindres reçoit une double chaîne de commande d'arbres à cames plus silencieuse. La Super Sprint reprend la mécanique de la TI Super mais bénéficie en exclusivité d’une boîte de vitesses à cinq rapports montée en série et d'un levier de vitesses au plancher. Elle est uniquement proposée en coupé réalisé par Touring et Zagato. De ligne d'abord identique au modèle précédent, la Super Sprint Touring hérite en 1956 d'un nouveau design.
Malgré les efforts d'Alfa Romeo, la 1900 reste néanmoins chère avec des prix qui limitent sa diffusion. Les chiffres de production demeurent modestes, avec 8 512 exemplaires pour la berline Super. Au total, toutes versions confondues, la diffusion de la 1900 n'atteindra pas les 20 000 unités. Alfa Romeo doit élargir sa gamme vers le bas pour acquérir une vraie dimension industrielle. Alors viendra la Giulietta et tout le succès que l'on sait.